La particularité de Spell est qu’il n’affiche qu’un seul signe à la fois, il épelle les mots lettre par lettre.
Face à la chaîne des caractères décomposée dans le temps, le spectateur doit faire appel à sa mémoire pour reconstituer les mots égrenés signe par signe et en quelque sorte réapprendre à lire.
C’est tout le processus cognitif de la lecture qui est mis à l’épreuve avec Spell.
Les automatismes acquis depuis la petite enfance sont impuissants à décrypter d’un coup d’oeil des mots qui lui arrivent en pièces détachées, l’identification de la chaîne de caractères est différée.
A première vue, le message semble ésotérique, voire crypté alors qu’il n’en est rien.
Le spectateur qui accepte de jouer le jeu doit se mettre en position d’extrême attention face à une sorte de Pythie qui semble débiter des oracles ou jeter des sorts. En effet, chacun des mots est présenté de manière isolé, sorti de tout contexte, il prend ainsi un poids tout particulier et se pose comme une énigme, une injonction, une imprécation, voire une insulte (le mot anglais « spell » signifie autant « épeler » que « sort/sortilège»).
La liste des mots est soigneusement élaborée lors de chaque présentation, cette fois-ci, il s’agira de mots français d’origine arabe, par exemple : abricot, algorithme, bougie, caramel, douane, geôle, goudron, hasard, mesquin, sucre, zéro…
Cette sculpture vient en contrepoint écrit de la pièce orale « Leçon de vocabulaire».
Sculpture lunineuse
Électronique : Soixante circuits
Programme : Jean-Marie Boyer